Du 22 au 30 septembre dernier avait lieu la semaine nationale des entraîneurs. Nous avons eu la chance de voir plusieurs témoignages sur l’importance que peut avoir un entraîneur dans une vie, sur le développement en tant qu’athlète autant qu’en tant que personne. Sur l’importance du sport et du dépassement de soi aussi. Nous avons suivi avec intérêt et parfois émotion le mot-clic #MerciCoach. Mais nous l’avons aussi suivi avec un sentiment que quelque chose manquait : la présence et la représentation accordées aux femmes entraîneures auraient pu, selon nous, être plus importante. Qu’un plus grand nombre de témoignages livrés concernent des hommes plutôt que des femmes n’est pas étonnant étant donné que le nombre de femmes qui entraînent est largement en deçà du nombre d’hommes. En effet, puisque les femmes ne représentent que 20% du total des entraîneurs, il n’est donc pas surprenant que moins d’athlètes aient eu la chance de remercier une femme, le contraire serait, disons, statistiquement impossible. Ce qui nous a interpellées est plutôt le fait qu’à nos yeux une importance plus équilibrée et marquée aurait pu être accordée aux femmes au niveau des communications et de la promotion de l’événement (ou lors d’autres événements de la sorte) par la communauté sportive en général. Nous souhaitons donc profiter de l’occasion pour partager avec vous quelques pistes de réflexion et bonnes pratiques de communication qui peuvent permettre d’inclure davantage les femmes dans les campagnes de promotion de toutes sortes.

 

De l’importance de féminiser

À notre avis, il est toujours recommandé de féminiser les textes et d’utiliser l’appellation au féminin, notamment lorsqu’il est question de femmes dans des postes, métiers, professions traditionnellement à forte concentration masculine – ce qui est encore très fréquent en sport. Nous n’inventons rien, c’est également la position de l’Office québécois de la langue française. Bien que la féminisation ne soit pas obligatoire, c’est-à-dire que ne pas le faire n’est pas une erreur, elle est recommandée, souhaitée et même encouragée pour reprendre les termes de l’OQLF. Pourquoi? Simplement pour rendre visibles les femmes dans les textes comme dans la société. D’ailleurs, l’Office québécois de la langue française recommande d’écrire les termes au long, sans réduction, sans parenthèse, sans tiret et encore moins en renvoyant les femmes à une note de bas de page, manière de faire considérée comme désuète et qui ne permet pas une représentation égale des hommes et des femmes. Ce masculin supposément englobant, neutre et qui l’emporte sur le féminin est une règle grammaticale issue du 18e siècle, moment où plusieurs noms féminins ont carrément été effacés par des nobles de l’Académie française qui avaient pour intention claire de rendre au genre noble sa supériorité sociale à travers la grammaire. Les temps changent, les dictionnaires aussi. Féminiser nos textes n’est pas anodins, ce n’est pas non plus inutile. C’est une manière de déconstruire les représentations sociales des hommes, des femmes et de certains métiers, c’est une manière de lutter contre les stéréotypes sexuels et de permettre aux femmes de se savoir inclues et concernées.
Quant au problème de « lourdeur des textes », il nous semble que c’est un moindre mal lorsque son pendant est l’invisibilisation des femmes dans certains corps de métiers par exemple. À cette effet, le Guide de féminisation ou la représentation des femmes dans les textes, conçu par le département de Linguistique de l’UQAM, considère que la féminisation ajoute une lourdeur aux textes seulement lorsqu’elle n’est pas pensée à la base : «Nous tenons à insister sur le fait qu’il ne s’agit pas de «penser» au masculin puis de «traduire» autrement. […] La féminisation, c’est d’abord un mode de pensée avant d’être un mode d’écriture». Si vous êtes en panne ou ne savez pas comment changer votre mode d’écriture, nous vous recommandons fortement de lire ce guide disponible en ligne. Bref, les choix que nous faisons ne sont pas sans conséquence parce que comme l’a si joliment exprimé la linguiste Éliane Viennot : « Le langage structure notre pensée : il ne fait pas que la refléter, il l’oriente ». Pour nous à Égale Action, il est donc essentiel d’orienter notre pensée vers la parité et l’égalité dans toutes les actions et à travers tous les mots que nous utilisons.

De l’importance des images

Cette représentation équitable dans les mots, doit également l’être dans les images. Une promotion qui ne met par exemple surtout des hommes entraîneurs perpétue l’idée que c’est un travail d’hommes que d’entraîner. Nous recommandons de toujours présenter de manière équitable les hommes et les femmes dans les promotions visuelles, afin d’interpeller également les femmes et les hommes concernés par le message et de ne pas reproduire l’idée que le sport est d’abord et avant tout masculin. Le manque de modèle féminin et le manque de visibilité des femmes en sport dans la couverture médiatique sont parmi les principaux enjeux identifiés quant à la participation et l’avancement des filles et des femmes en sport. D’ailleurs, c’est également la position du CIO dans sa recommandation 12 de son projet d’analyse sur la question de l’égalité des sexes  : «Le CIO exigera que son administration établisse des principes et directives pour une représentation juste et égale des deux sexes dans toutes ses formes de communication». Tout comme le CIO, nous croyons qu’une représentation équitable des deux sexes est un élément fondamental vers l’égalité homme-femme en sport et que tous les outils de communication et de promotion doivent toujours suivre cette logique.
 

De l’importance de bien choisir ses mots : Entraîneure ou entraîneuse?

Officiellement, le féminin d’entraîneur est entraîneuse et pourtant Égale Action recommande plutôt l’utilisation du mot entraîneure. Même si l’Office québécois de la langue française privilégie le terme entraîneuse, il met en garde de manière générale sur la connotation péjorative qui accompagne souvent le son -euse. Entraîneuse est certes une femme responsable de l’entraînement d’athlètes, mais c’est également, selon le Petit Robert, une employée de bar qui doit attirer les clients et les entraîner à boire et à danser. Nous préférons donc les recommandations du Guide de rédaction non sexiste : À juste titre de la Direction de la condition féminine de l’Ontario qui appuie l’utilisation du –eure plutôt que les finales en –euse afin d’éliminer cette connotation péjorative. Nous vous encourageons à faire de même! 
Finalement, si vous avez des doutes ou cherchez comment féminiser vos textes ou vous vous questionnez sur les images à utiliser pour mieux rejoindre les femmes, n’hésitez pas à nous contacter. Nous pourrons vous conseiller avec plaisir et vous aider à trouver une solution, nous les avons tous lus ces guides de féminisation!
En espérant que les communications de toutes sortes soient de plus en plus inclusives, que la féminisation devienne incontournable et que nous ayons à l’avenir des événements en milieu sportif qui portent une attention toute particulière aux femmes et parler, par exemple, d’une semaine des entraîneurs ET des entraîneures!
Pour toutes questions, vous pouvez contacter Béatrice Lavigne, info@egaleaction.com 
Sources :

Projet d’analyse du CIO sur la question de l’égalité des sexes

Office québécois de la langue française, Féminisation et rédaction épicène

Guide de féminisation ou la représentation des femmes dans les textes

À juste titre: Guide de rédaction non sexiste