La coupe Rogers, qui s’est terminée il y a quelques semaines seulement, accueillait la crème de la crème du circuit WTA (Women Tennis Association) à Montréal. Il s’agit d’un des plus vieux tournois du circuit professionnel – plus précisément il existe depuis 1891 pour les hommes et 1892 pour les femmes – et est actuellement parmi les tournois les plus prestigieux en termes de points et de gains monétaires, en dehors des Grands Chelems.

Son intéressante formule d’alternance entre Montréal et Toronto permet d’accueillir les vedettes du tennis masculin ou féminin dans notre ville chaque année. Cette année nous avons eu la chance de recevoir 23 des 25 meilleures femmes au classement, malgré l’absence de Serena Williams. Les amateurs et amatrices de tennis féminins en ont eu plein les yeux début août! C’est un des rares moments dans l’année, en fait une année sur deux, où le volet féminin d’un sport attire autant notre attention, ce qui nous enchante. D’ailleurs, le tennis est souvent vu comme le sport par excellence en termes d’équité et d’égalité hommes-femmes. Et pourtant.
Il est vrai que le tennis est beaucoup plus égalitaire que la plupart des sports professionnels, c’est d’ailleurs le sport où les femmes gagnent le plus d’argent et un des seuls sports qui offre une couverture médiatique plutôt représentative. L’égalité des prix remis en grand Chelem pour les vainqueur-es y est pour beaucoup. Ce débat sur l’égalité des prix ne date pas d’hier. En 1973, Billie Jean King, alors une des plus grandes vedettes du tennis féminin avait menacé de ne pas participer aux US Open si les femmes ne recevaient pas le même prix que les hommes. Le tournoi new yorkais est donc devenu le premier événement de l’histoire du tennis à récompenser équitablement les vainqueures. Il faudra attendre les années 2000 pour que les trois autres tournois majeurs suivent le pas. Depuis 2007, c’est chose faite. Qu’en est-il des autres compétitions? Serez-vous surpris et surprises d’apprendre que de manière générale les femmes gagnent 20% de moins que les hommes?
Si l’on prend l’exemple de la Coupe Rogers, pour l’édition 2017, le gagnant a reçu environ 1,8 fois plus que la gagnante, alors que pour l’édition de 2018 l’écart se creuse : Rafael Nadal en soulevant la Coupe Rogers à Toronto a reçu 1 020 425$, alors que Simona Halep a touché 519 480$, c’est-à-dire presque deux fois moins (1,96 fois moins pour être précise). Cet écart n’est pas seulement pour les gagnantes, puisque les prix monétaires diffèrent selon les sexes dès les qualifications, en simple comme en double. Si l’on combine tous les gains des joueurs masculins (vainqueur, finaliste, demi-finalistes, etc.) versus les gains des athlètes féminines, les hommes au cumul ont gagné lors du tournoi de la coupe Rogers 5 939 970$, alors que les femmes au cumul n’ont reçu que 2 820 000$. Pas besoin d’être des championnes en mathématiques pour constater que les hommes ont reçu plus que le double d’argent que les femmes lors du même tournoi. Je vous rassure, le tournoi canadien n’est pas particulièrement plus discriminatoire que les autres tournois comparables qui, généralement, suivent cette triste tendance. Pourtant, quelques rares tournois comme Miami et Indian Wells offrent les mêmes bourses aux athlètes, peu importe leur sexe. Peut-être devrions-nous leur demander leur secret?